Historique

Saint-Séverin est un bourg animé du Sud Charente, limitrophe de la Dordogne , distant de cinquante kilomètres d’Angoulême et de Périgueux et du double de Bordeaux. Son territoire est naturellement délimité par les 3 vallées de la Dronne et de ses affluents, l’Auzonne, la Lizonne, du bassin de la Dordogne et de la Garonne, ainsi que par les collines boisées des Gravières et de Puy Giraud.

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La large et fertile vallée de la Dronne et celle plus étroite et tourbeuse de la Lizonne séparent les départements de la Charente et de la Dordogne, et plus encore, les régions du Poitou-Charentes et de l’Aquitaine, comme elles distinguaient autrefois l’élection d’Angoulême de celle de Périgueux, et la généralité de Limoges de celle de Bordeaux.
L’Auzonne qui vient des vallons du Montmorélien est une des voies ordinaires de pénétration du cœur de l’Angoumois.

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Du XVème siècle à la révolution, notre commune était « SAINT-SÉVERIN DE PAVANCELLES », étymologiquement « de la chapelle du paon ». Cette ancienne dénomination témoigne d’anciennes pratiques pré-chrétiennes consacrées à JUNON (dans la mythologie romaine, Junon, en latin Juno, est la reine des dieux et la reine du ciel), dont c’était l’oiseau favori. Elle peut aussi vouloir perpétuer le souvenir moyenâgeux de quelque entreprise hardie, ou haut fait d’arme engagé à la suite d’un « vœu du paon » et terminé d’agapes où était servie la chair succulente de cet oiseau rôti…

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Saint-Séverin – près de 831 habitants actuellement – se souvient du paon puisqu’elle a donné le nom de « Pavancelle » au chalet construit au début du XXème siècle, par une riche famille papetière. Il est depuis devenu hôtel de ville de la commune. Le paon fascinant a paré de ses plumes ocellées le beau vitrail du bureau du Maire.

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Dans les brumes du Moyen-Age, la terre de Saint-Séverin est un fief d’AUBETERRE, et comme elle, rattachée au Périgord. Ce n’est qu’en 1246 que la région devient Angoumoisine tout en restant jusqu’en 1789 du ressort du diocèse de PÉRIGUEUX pour les affaires religieuses…

Avec la guerre de cent ans, Saint-Séverin est détachée d’AUBETERRE et devient terre indépendante. Sa libération en 1387, bien avant son ancienne suzeraine, lui permettra d’anticiper un important développement économique…

Devenue châtellenie au XVème siècle, ses seigneurs sont jusqu’au XVIIIème siècle : LES SAINT GELAIS, les JAUBERT de SAINT GELAIS, puis les TALLEYRAND et les CHAUVERON, leurs alliés.

Certains furent des familiers de la Cour, tel Merlin de ST GELAIS au début du XVIème siècle, premier maître d’hôtel de LOUIS XII, puis de FRANÇOIS 1er, ou bien Anne-Françoise de CHAUVERON, commandant de la Province d’Angoulême, intime du Duc d’Orléans.

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De son long et turbulent passé, Saint-Séverin n’a gardé que peu de traces. Son église, chapelle du château, a été détruite pendant les guerres de religions et à nouveau ouverte en 1595. Pendant quatre siècles, son château fortifié a résonné des querelles de succession de ses seigneurs, puis des élégantes et légères parties de campagne que donnait ici, jusqu’à la veille de la révolution, le Marquis de CHAUVERON… Mais, dans les années 1880, le corps central du château a été ouvert, en même temps que la place qu’il ceinturait avec l’église, pour laisser passer la route de Ribérac, et ouvrir la voie à l’oubli…

L’histoire du blason

D’azur à un pal bandé d’or et de sable, accompagné en chef d’une gerbe d’or à dextre, et d’une presse à papier d’argent et d’or à senestre; et en pointe d’une fontaine sur un mont d’argent à dextre et d’une crosse d’évêque d’or à senestre. L’écu est surmonté d’une couronne murale.

La commune de Saint Séverin (autrefois Saint Séverin de Pavancelles), s’est dotée de ce blason, dessiné par Raymond Laforêt, héraldiste originaire de Montignac Le Coq. Ces armes furent présentées pour l’ inauguration de l’adduction d’eau de la commune, en mai 1954.

Ce blason a beaucoup à dire :

– La gerbe pour évoquer le blé doré, bien cultivé sur la commune.

– La fontaine de la Font du Gour. C’est elle qui après avoir fourni l’eau potable de la commune, alimente désormais une partie de la région.

– Le pressoir, pour attester la présence de moulin à papier, dès juillet 1473, au logis de la Fougère. L’activité de ce moulin à papier commence à être bien connue à partie de 1606. Il fut très prospère pendant la première moitié du XVIIème siècle, puis peu à peu délaissés, les bâtiments sont dits en très mauvais état en 1667. Remis en fonctionnement, les moulins vont à nouveau tourner jusqu’à l’exil, en décembre 1685, de Daniel Juilhard, son propriétaire protestant. Les bâtiments retombèrent alors vite en ruines.

– La crosse, pour nous rappeler que l’évêque Séverin, évangélisa le peuple Aquitain.

– Enfin, le pal bandé de sable et d’or, qui est un élément des armes de la famille Chauveron de Dussac, dont sont issus les derniers seigneurs de Saint-Séverin.

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Par Jean-Michel OUVRARD

Dès la fin du XIIème siècle, Saint-Séverin et les paroisses voisines ont entrepris l’aménagement de la basse vallée de la LIZONNE et de ses affluents, en canaux et atiers. Les premiers moulins à draps ou à blé, les anguillards et viviers s’y multiplient pour nourrir ou habiller…

Avec la fin du XVème siècle et la découverte de l’imprimerie, les besoins en papier sont décuplés et les canaux et chutes de la LIZONNE sont tout naturellement désignés pour accueillir les premiers moulins à papier de la région.

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C’est au XVIIème siècle, que la vallée connaît son âge d’or avec l’arrivée de marchands flamands et la levée dans la population locale d’une bourgeoisie active compétente et affairiste.

Pas moins de cinq moulins battent alors la paille et font un papier connu de l’Europe entière, dans la seule paroisse : les FORSATS, la BARDE, la FOUGERE, les DEXMIERS et le plus ancien identifié, celui du MARCHAIS (1482). Si le site de certains ont disparu, quelques uns ont préservé leur cadre original comme celui des DESMIERS, l’eau du canal en moins…

Celui du MARCHAIS a conservé sa vocation première et sans cesse modifié et agrandi, abrite depuis 1876 la première fabrique française de papier sulfurisé.

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Dans la seconde moitié du XIXème siècle d’ailleurs, la commune connaît un nouvel essor papetier avec l’arrivée de deux familles qui marqueront son histoire récente. Les DAGUERRE reprennent, à la suite d’un mariage, l’usine de l’EPINE, créée vers 1830 à l’emplacement de l’ancien moulin banal de la seigneurie et son annexe de la BARDE. Les BECOULET transforment le MARCHAIS en usine ultra moderne avec ses annexes périgourdines de PISSELOUBE à SAINT PAUL LIZONNE et du DURBET à ALLEMANS… Plus de cinq cents ouvriers y sont employés, soit l’équivalent du tiers de la population locale d’alors…

Depuis une trentaine d’années, seule l’usine du MARCHAIS subsiste et perpétue au plus haut niveau européen l’industrie du papier.

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Saint-Séverin préserve de ce passé et de ce présent papetier une incontestable vocation ouvrière qui se juxtapose à son authentique destinée agricole.

Avec sa population papetière qui formait autrefois une classe très fermée, elle a conservé l’esprit d’entreprise et celui d’indépendance. Ses ruraux garantissent son sens profond de l’accueil qui la rapproche du Périgord.

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Les anglais et les autres européens qui depuis le milieu des années 70 investissent et réhabilitent ses villages en apprécient encore la variété de ses paysages, la qualité de son air et la pureté de son ciel !

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par M. Jean-Jacques BEAUVAIS

 

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